Spéculateurs... des mêchants pas si vilains...

Publié le par Andrei LUDOSAN

Un dialogue (de sourds) avec un collègue (socialiste à ses heures perdues) m’a poussé à...défendre les “horribles spéculateurs”.

Supposons donc que, pour diverses raisons, les prix dans un domaine flambent. Disons, dans l’immobilier. Suffisamment longtemps pour que cela devienne de notoriété (toute ressemblance avec la réalité est purement fortuite, comme tout le monde le sait).
Cela veut dire tout simplement que la demande est bien supérieure à l’offre. Les prix augmentent (réduisant ainsi la demande solvable). Les prix sont donc bien supérieurs aux coûts de production. Autrement dit, dans ce domaine, les profits sont gros. Très gros!
Qu’est-ce qu’un “spéculateur” ? C’est un type (généralement avec haut-de-forme et sourire sardonique) qui a du fric (quelle faute de goût!) et qui veut... encore plus de fric ! Un vrai salaud, qu’on se le dise.
Et comme nôtre spéculateur est aussi un type malin, il va flairer le bon filon. Il va donc investir.... dans l’immobilier, forcément. Etant donné que les salauds du genre sont assez nombreux, il y aura un afflux massif d’argent ( donc de “capital”, donc de “ressources”) vers ce domaine. Et comme ces ressources visent à produire le bien tant demandé, la production augmentera. Mais, au fur et à mesure que la production augmente, l’offre devient plus généreuse, en volume. Il faudra bien que les prix baissent, afin que les “nouveaux” produits trouvent acquéreur.... A supposer que, dans l'intervalle, les techniques de production n’ont pas beaucoup varié (donc les coûts de production sont les mêmes, par unité produite), la baisse des prix ne peut se faire qu’en réduisant les profits. La fin de ce processus sera donc le moment ou... les prix sont prèsqu’au même niveau que le coût de production.
A bien y réfléchir, c’est donc grâce aux “spéculateurs” qu’il y a eu avalanche de “ressources” vers un secteur ou la demande était forte. Ils ont donc le charme fou d’investir... là ou le peuple en a le plus besoin. Et après, on les insulte!
Plus encore, leur précipitation “spéculative” a eu pour don de ramener les prix au minimum possible (tout bénéf’ pour les revenus modestes)...en réduisant par la même occasion leur profit à peau de chagrin. A se demander si on n’est pas tombés sur la tête, quand on s’en prend à eux.

Certes, cette “régulation par le marché” n’est pas instantanée. Parfois aussi, il y a une sur-régulation (on continue à “sur-produire”, même au-delà du “point d’équilibre”: le temps de piger que l’offre est déjà sur-abondante...).

Il est évident que la colère populaire contre les “spéculateurs” aboutit à des âneries:

“Taxez lourdement les profits !”. Fort bien, mais cela veut dire que le “spéculateur” va faire ses calculs en considérant les taxes comme un “coût”. Le profit escompté étant moindre, il y aura moins d’investissements dans le secteur. Le “point d’équilibre” sera atteint plus lentement, et il sera plus élevé: un certains nombre de revenus modestes, qui auraient pu “jouer” le jeu, resteront définitivement sure le carreau cette fois.
Ainsi donc, la taxe... aura joué surtout au détriment du peuple (moins de produits, prix plus élevés)!
N’empêche, ceux qui adorent ces taxes se disent indéfectiblement amoureux du peuple...

“Plafonnez les prix !”. Excellente idée. Résultat (parfaitement prévisible!): une partie des “spéculateurs” ( ceux qui craignent la Loi).... iront voir ailleurs. Donc, moins de produits, faute de ressources. L’intervention étatique (restrictive et coercitive, afin de “réguler” et “moraliser” “les marchés”) a toujours eu le charme fou de créer... de la pénurie. Ce qui constitue une manne pour... les vrais salauds, qui adorent ça: car pénurie plus interdits sont les conditions fondamentales pour l’émergence du marché “noir”. Et là... les prix “au noir” sont d’autant plus élevés que l’interdit est fort (les prix de l’alcool durant la prohibition - ou bien le prix de la morphine de nos jours - ont été - ou sont - à la hauteur... de la prise de risque surtout).
Qui paye l’addition ? Le bon peuple: aussi bien ceux qui payent un prix exorbitant que ceux qui, faute de moyens, restent sur le carreau.
Bien sûr, là-aussi, les amateurs de “prix plafonnés” se disent grands défenseurs du bon peuple.

On peut multiplier les solutions “interventionnistes” à souhait: on aboutit toujours aux mêmes résultats. Confirmant par la même occasion l’adage: “Les socialistes aiment les pauvres. Ils les aiment tellement qu’ils en créent.” (en fait, on devrait remplacer “socialistes” par “étatistes”, tant il est vrai que les socialistes n’ont pas le monopole de ce travers qui consiste à croire que “le marché” est mauvais et qu’il faut le “réguler”).

Au fond, le marché libre est un endroit ou la volonté de chacun s’exprime... justement librement. “Le prix du marché” est... l’expression la plus synthétique et la plus aboutie de l’intérêt “du peuple” pour un sujet (produit matériel, service, etc.). “Le spéculateur”, dans cette affaire, est un excellent instrument d’allocation optimale des ressources. Le bénéficiaire final est toujours “le peuple” et, en son sein, surtout les plus modestes.
Hélas, ce discours-là, ce ne sont que les libéraux qui le tiennent. Or, tout le monde sait que les libéraux sont “le mal absolu”. La preuve? Ils aiment “le marché libre”, ils aiment “les spéculateurs”...

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